satan is boring

J'ai été très triste en apprenant la mort de Susie Tennant. Je ne sais pas si la scène grunge aurait été la même sans elle. On n'y pense pas assez, à ces gens de l'ombre, qui poussent celles et ceux qu'on admire tant. En l'occurence, pour une femme, ça n'est jamais vraiment le cas. J'ai l'impression qu'elle est partie sans faire de bruit, un peu à l'image de sa vie. 

Je sais plus trop si j'ai envie de continuer à être dans une constante discrétion, à la limite de l'effacement. Je regarde beaucoup dans le rétroviseur. Je suis un peu entre deux feux. Je déteste qu'on me regarde, mais en même temps, j'ai un boulot qui se situe dans cette espèce d'aura et de séduction. C'est une part de moi que je déteste vraiment. Ce branding professionnel. Mais c'est comme si une force me poussait dans cette direction et qu'au fond de moi, je l'appréciais de plus en plus. Il n'y aurait que moi, je garderais des chiens. Enfin, cette partie de moi qui s'écrase au fur et à mesure que le temps passe. On m'a raconté l'histoire d'une nana, qui bossait dans ce magazine de mode, et qui a tout claqué pour aller promener des clebards à Londres. Y a dix ans, j'aurais trouvé ça fabuleux, aujourd'hui je trouve ça bizarrement con. Au travail, on m'appelle l'ambitieuse. J'ai jamais rien fait pour, mais il paraitrait que je dégage ça. Peut-être que j'ai un petit peu trop bien fait semblant, ces dernières années. Je me suis prise à mon propre piège.

Instant détente avant la reprise demain. J'en ai autant envie d'un tête à tête avec Depardieu. En attendant, je regarde ce compte de ce sosie de Kate Moss. Je me dis que la vie doit être vachement plus simple quand on lui ressemble. Ou peut-être que non. On se fait toujours de ces idées, généralement, y a une chance sur deux pour qu'on se plante. En vrai, je préfère ma position de meuf moyenne. Passe-partout, un peu cheap. C'est pas compliqué, plus reposant. Etre vu quand on le décide, garder sa mauvaise gueule au chaud quand on n'a pas envie de gérer l'effort. J'admire les personnes capables de toujours être au meilleur d'eux-même, juste pour aller chercher du pain. Après, je peux le comprendre. Je ressemblerais à Kate Moss, en vrai, je passerais sans doute ma vie en Saint Laurent. 

Mais je ne ressemble pas à Kate Moss. J'ai l'immense chance de pouvoir arpenter les ailes de Monop en pyjama.