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WUNDERKIND. [ _ i used to do drugs but don't tell anyone or it will ruin my image]
6 février 2024

they judge me like a picture book by the colors, like they forgot to read

latimes_sept2019_28529

J'ai éprouvé beaucoup de tristesse pour Lana Del Rey durant la soirée des Grammy Awards. Son regard, empli de larmes qu'elle tentait de contenir. Une épine dans la gorge. Garder la face, au bras d'une Taylor Swift ne l'ayant considérée que comme un vulgaire faire valoir. L'artiste et le produit. Je déteste comparer deux femmes, mais ce soir là, en les voyant, je ne pouvais m'empêcher d'y voir tout le drame de l'industrie musicale, depuis plus de trente ans. L'émotion la plus abrupte, qui ne peut mentir, face à une machine de guerre, puant le contrôle et la fausseté. Pourtant, j'aime Taylor Swift, j'aime ce qu'elle représente. Ce bulldozer qui écrase tout sur son passage. Mais c'est juste que parfois, on veut revenir à l'essentiel, à nos failles, à nos contradictions. A notre souffrance soufflée sur un simple accord de guitare.

Taylor Swift disait à son propos qu'elle avait changé la face de la pop mais ça n'est pas le cas, ça n'a jamais été le cas. Lana Del Rey n'a rien changé car Lana Del Rey n'est pas la pop, de près ou de loin. Lana Del Rey a toujours fait partie de cette tradition d'auteurs américains qui s'inscrivent dans une dynastie, celle de la contre culture. Lana Del Rey, ce sont les chevauchés sauvages sur la 66. L'amour crevé, la fuite en avant, dans la lumière et l'obscurité. Lana Del Rey, ce soir là, jurait dans ce théâtre infâme. On le voyait bien, qu'elle n'était pas à sa place. Malgré ses disques vendus, son poids dans ce jeu qu'est devenu "l'art".

Lana Del Rey, ça n'est pas un cirque médiatique, ce sont des textes, des émotions d'écorchée vive. Je me souviens de ces débats enflammés pour savoir si elle n'était pas qu'une fraude. Un monstre créé pour complaire aux pseudos fans indés, tandis que les autres, les purs, trop intelligents pour se laisser berner par cette nana sortie de nulle part avec son clip tumblr. Je les revois écrire à n'en plus finir leur petite théorie pétée qui sentait surtout la misogynie crasse. J'espère qu'en regardant les yeux de Lana Del Rey, ce soir là, vous vous êtes sentis très cons.

Lana Del Rey a réveillé quelque chose que je pensais mort. Elle a redonné vie à celles et ceux que j'aimais mais aussi à cette voix, autre, éteinte depuis des lustres, dans cette Amérique fantasmagorique. On peut lui reprocher que sa musique est répétitive, mais on ne peut lui retirer sa capacité à maintenir une étincelle, une exaltation. Ce soir là, durant les Grammy, j'ai ressenti à nouveau ce qu'était la musique.

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